L’ARGUMENT Deux grands acteurs de Kabuki, Ichi et Onoé, ouvrent un soir les portes de leur théâtre pour prendre à témoin journalistes et spectateurs de leurs recherches : ils ont décidé d’aller à la rencontre de l’art occidental, de mêler le jazz européen à leurs danses traditionnelles, de jouer Molière sous leur maquillage de Kabuki, de faire dialoguer Shakespeare et la musique Gidayu. Chaque tentative porte en elle autant de réussites miraculeuses que d’échecs cuisants, l’équilibre de l’ensemble restant toujours précaire. Mais l’aiguillon du désir et l’esprit d’aventure sont pour eux de puissants moteurs… Or il se trouve que ces deux acteurs japonais sont interprétés par deux acteurs bien occidentaux, qui eux-mêmes font sous nos yeux une plongée dans une des grandes formes du théâtre oriental, un voyage où ils abandonnent leur langue (Ichi et Onoé dialoguent en japonais, et ont quelques notions d’anglais), leurs visages, qui disparaissent sous les traits puissants des maquillages du Kabuki, jusqu’à leurs corps, soumis à des codes de jeu si étrangers à leur pratique habituelle. Entraîner les spectateurs au bout de ce périple théâtral, en ignorant tout de son issue, voilà leur ambition.
UN POINT DE DÉPART HAUTEMENT FANTAISISTE Leur intuition, tout autant que leur goût profond pour l’art des acteurs japonais, les a conduit vers le Kabuki, l’une des formes traditionnelles du théâtre japonais. Les deux comédiens partent de très loin, du plus lointain envisageable, se présentant au public comme de grandes vedettes du théâtre Kabuki. De ce point de départ improbable, invraisemblable, hautement fantaisiste, mais nourri d’une passion et d’un goût véritables, ils tourneront autour de leur thème comme des planètes affolées autour de leur soleil. Ils prétendront être des maîtres dans un art ancestral extrêmement stylisé, à des lieues de leurs codes de jeu occidentaux.
POURQUOI LE JAPON Ils plongeront dans cet univers de formes, non pas pour en proposer une reconstitution ou un hommage, mais pour s’affranchir, par la fantaisie de ce voyage, de tout ce qui encombre bien souvent les scènes occidentales : la psychologie, la construction du personnage, la dramaturgie héritée de notre âge classique, nos vieux débats esthétiques. Les acteurs de Kabuki pratiquent la distanciation brechtienne, mais comme le font les enfants quand ils jouent. Laurent et Gaël veulent faire un tour par le Japon pour contempler de loin leur pratique occidentale du théâtre, un détour par le Kabuki pour renaître à leur art de l’acteur. Tout sera donc jeu, fantaisie, inversion des miroirs, dialogue mutuel des cultures.
Là encore il s’agira de fantaisie, de traduction, d’échos poétiques. Car le rire sera aussi au coeur de ce voyage, où merveilles et catastrophes se mêleront certainement.
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TOURNÉES :
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