Tra/ceology

/ 2024
Danse / Performance

Olga de Soto au sujet de sa prochaine création :

#1 Qu’est-ce que la tracéologie ? 
Le terme « tracéologie » provient des mots tracer (trahere) et science ou discours (-logia) et signifie donc discours ou science des traces. Il désigne une méthode scientifique appartenant à l’archéologie préhistorique dont le but est de déterminer la fonction des outils par l’étude des traces produites lors de leur utilisation, à travers l’observation des polis et stigmates d’usure qu’ils contiennent, y compris à l’échelle microscopique.
Les outils et objets découverts lors des fouilles archéologiques ont tous une histoire qui va de la fabrication à l’oubli ou l’abandon, en passant souvent par l’utilisation et quelques fois par la transformation. Chaque intervention employée à transformer les matières en objets, et chaque intervention réalisée avec les objets fabriqués au fil du temps, est susceptible d’avoir déposé des traces. Derrière ces nombreuses marques, il y a une profusion de gestes et une multiplicité de stigmates qui témoignent de la manière dont chaque matière a été travaillée et chaque objet utilisé. 

#2 Pourquoi transposer cette méthode scientifique appartenant à l’archéologie préhistorique au travail chorégraphique ? 
Ce qui m’intéresse dans la « tracéologie » est le fait que cette science s’appuie sur l’étude d’un enchaînement, d’une succession de contacts, et donc de ‘touchers’ : le contact entre la main et l’objet, celui entre l’objet et la matière et par conséquent, celui de la main dont l’action transforme la matière, témoignant ainsi de l’action humaine sur cette dernière, mais aussi, si on élargit le champ et on change d’échelle, sur l’environnement.
Lorsque je transpose la méthode de la tracéologie au travail chorégraphique, on pourrait imaginer que les gestes et mouvements trouvés ou produits lors des fouilles, c’est-à-dire nos explorations, sont eux aussi porteurs d’une histoire qui révèle les pratiques et techniques qui ont façonné le langage corporel de chaque interprète et sa connaissance du corps. Métaphoriquement parlant, je peux envisager le corps de l’interprète comme une sorte de « pierre biphasée » façonnée par une infinitude de traces invisibles laissées par les pratiques qu’il ou elle a traversé. 

#3 En quoi va consister ce chantier de fouilles chorégraphique ?
Je souhaite m’inspirer de la méthodologie et des protocoles utilisés dans la tracéologie pour observer et interroger la trace portée par le geste, l’action et/ou le mouvement. Chaque intervention employée à transformer les gestes en actions ou mouvements est susceptible d’avoir déposé des traces. Ces différentes marques constituent des indices des pratiques à l’œuvre, des sous-textes et intentions utilisées, des chemins empruntés et des matières qu’elles ont servi à travailler. Cette multiplicité de gestes et mouvements constituent des indices des intentions qui sous-tendent la danse qu’ils servent à produire et à travailler.
Je propose d’explorer un éventail de gestes et d’actions dans une démarche corporelle imaginée telle un chantier de « fouilles ». Cette démarche appellera la fabrication, l’identification, la (ré)activation et la transformation du mouvement, en cherchant à le toucher, à l’habiter et à le traverser de l’intérieur. Ce chantier s’appuiera sur une série d’explorations qui chercheront à interroger les phénomènes de présence, de condensation et de superposition. Il travaillera sur la transformation dans le sens de la modification, de la migration, de la mutation, de la traversée et de l’altération.


#4 Comment le projet abordera-t-il les notions de trace, présence et de résonance ?
En observant les fluctuations entre geste et trace, réel et fictif, abstrait et figuratif, le projet sondera le corps et l’imaginaire, comme un ensemble d’éléments qui interagissent et transforment nos présences. Il explorera les zones de porosité, de contamination et de glissement. Il cherchera à faire affleurer différentes strates de sens portés par des gestes-vecteurs et/ou des gestes-réceptacles, des restes, en somme. 
En abordant le mouvement non pas comme « ce qui disparaît » mais comme « ce qui surgît », émerge et/ou (ré)apparaît, le corps se présentera comme l’hôte et le vecteur d’une mémoire corporelle mouvante, individuelle et collective mais aussi comme le dépositaire d’une infinitude d’actions. Dans la force ou la fragilité des corps, le projet cherchera à explorer un espace de résonance habité et traversé, engagé dans une approche qui se penche sur la manière dont la chorégraphie peut contribuer à repositionner le temps comme force constitutive de notre rapport au monde et de notre processus de pensée. 

Ce projet s’inscrit dans la continuité de mes recherches sur la mémoire et le mouvement et sur l’exploration des sous-textes comme causes et vecteurs de l’action corporelle.


Concept et chorégraphie Olga de Soto
Interprètes Sarah Deppe, Kevin Fay et 2 interprètes (distribution en cours)
Création lumière Philippe Gladieux
Création sonore en cours
Direction de production La Table Verte productions

Production Niels Production

Coproduction Mille Plateaux – CCN La Rochelle, direction Olivia Grandville / ICI – Centre chorégraphique national Montpellier Occitanie, direction Christian Rizzo :  Charleroi danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles / CCN de Caen en Normandie, direction Alban Richard / La Place de la danse CDCN Toulouse – Occitanie

Soutiens Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service général de la création artistique – Service de la danse, Grand Studio (Bruxelles) et de Matériais diversos (Lisbonne)

Résidences de recherche et de création Pianofabriek (Bruxelles), KANAL – Centre Pompidou (Bruxelles), Matériais diversos/OPART/Organismo de Producção Artística – E.P.E / Estúdios Victor Córdon / Teatro Nacional de São Carlos et Companhia Nacional de Bailado (Lisbonne), Grand Studio (Bruxelles), La Raffinerie / Charleroi danse (Bruxelles), Mille Plateaux (La Rochelle), ICI – CCN de Montpellier, La Place de la danse CDCN -Toulouse

 

Du 25 au 29 avril 2022 (laboratoire constitution équipe) : Charleroi danse

Du 14 au 18 novembre 2022 Mille Plateaux – CCN La Rochelle

Du 12 au 25 mars 2023 ICI – CCN de Montpellier

Du 27 novembre au 1er décembre 2023 La place de la danse – CDCN Toulouse

Du 24 juillet au 5 juillet 2023 Charleroi danse

Janvier à septembre 2024 6 semaines de résidence en cours de recherche

Création : Automne 2024
Première en cours de discussion

Dossier artistique

Nous contacter pour obtenir le mot de passe : direction@latableverte-productions.fr